06/11/2025

La confédération européenne des frontaliers déjà sur le pont

La confédération européenne des frontaliers déjà sur le pont
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À peine née, l’association présidée par le Doubien Michel Rivière, également à la tête de l’Amicale des frontaliers, entend jouer son rôle de poil à gratter et de médiateur en ces temps durs pour l’emploi horloger en Suisse.

Michel Rivière, premier président de la confédération des frontaliers européens, n’est pas du genre à se courber face aux restrictions qui menacent les travailleurs frontaliers. 

Face à l’austérité budgétaire tous azimuts qui menace, face à la morosité de l’économie horlogère helvétique, poule aux oeufs d’or pour les travailleurs de Franche-Comté, l’union apparaît comme une armure face aux restrictions actuelles et futures. Les Amicales des frontaliers, à la proue de nombreuses batailles visant à préserver les droits des travailleurs qui franchissent la frontière pour exercer leur savoir-faire et leurs compétences, épaississent leur ligne de défense faisant cause commune avec d’autres structures soeurs de combat : l’Association d’aide aux frontaliers, l’Association des frontaliers au

Luxembourg et frontaliers Luxembourg ASBL, couvrant un territoire allant de ce pays voisin du nord à Genève. Et actent la naissance de la Confédération européenne des frontaliers (CEF). Les statuts viennent d’être déposés en préfecture du Doubs.

« 26 % des entreprises en réduction d’horaire de travail »

Face à la grisaille économique actuelle, la question de l’emploi occupe une position dominante. Appuyée par quelques indicateurs moroses. « Concernant le chômage technique, les dernières estimations datent de fi n août et indiquent que 26 % des entreprises en réduction de l’horaire de travail (RHT) à des degrés différents selon les entreprises », renseigne Ludovic Voillat, secrétaire général de la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse. Qui ne peut fournir de données plus détaillées pour l’heure. « Nous n’avons pas de chiffres sur les licenciements et le personnel temporaire. Nous sommes actuellement en train de recueillir notre enquête annuelle pour une situation à fi n septembre. » Les résultats devraient paraître peu avant Noël. Plusieurs sous-traitants seraient aussi dans la tourmente. Le net recul des exportations en août avec - 16,5 % par rapport à l’année précédente, ajouté à la contraction de 3,1 % en septembre confi rment la baisse globale depuis le début de l’année, à - 1,2 %.

Plus de participation des pays d’emploi

Les associations de frontaliers, qui ont prévu de se réunir le 10 novembre à Mulhouse, sont en veille. Prêtes à recueillir les dossiers de ceux dont l’emploi ne survivra pas à cette tendance. « Nous avons contacté les députés européens pour leur demander d’agir à Strasbourg. Le courrier est parti en début de semaine. En faisant, de notre côté, remonter les cas de jurisprudence incluant un facteur réducteur d’indemnisation », indique Michel Rivière, président de l’Amicale et de la CFE. « Et pour revendiquer à nouveau le fait que les pays d’emploi doivent beaucoup plus participer à l’assurance-chômage car ce sont eux qui encaissent les cotisations. »

La confédération veut peser… 

L’objectif étant bien sûr que les travailleurs frontaliers ne se fassent pas déplumer. Même si l’ex-ministre du travail avait garanti en février 2025 « ne pas vouloir les stigmatiser ». À ce propos, l’Amicale dit s’être rendue au mois de juin afin « d’obtenir la procédure mise en place pour les travailleurs frontaliers licenciés. Nous attendons toujours ! Le décret a été publié, mais nous ne disposons pas les modalités d’application ». La confédération européenne des frontaliers va continuer à peser dans les discussions. « C’est la raison pour laquelle nous demandons aux frontaliers licenciés de nous faire remonter les informations. France Travail devait leur faire une offre d’emploi dans les deux premiers mois. Puis une seconde si nécessaire », relaie Michel Rivière. « Ils n’ont rien vu venir ».


Source : https://www.estrepublicain.fr/economie/2025/10/31/la-confederation-europeenne-des-frontaliers-deja-sur-le-pont
Auteur : Éric Barbier
Photo : Bertrand Joliot